J’ai le grand plaisir de vous annoncer la...

par Corine Sylvia Congiu

J’ai le grand plaisir de vous annoncer la publication de mon premier roman « La libellule », le 15 décembre 2013.

Pour vous donner le ton, voici une nouvelle tirée de ce texte, légèrement modifiée pour un concours sur le thème du « Cinéma » en 1994 :
Embellie (lire la nouvelle), Prix de la Nouvelle du Ciné 220 à Brétigny-sur-Orge pour La Fureur de lire, janvier 1994, (délivré par Howard Buten), est un extrait remanié de «  La Libellule ».

La Libellule

«  La libellule. La libellule, juste avant la mante religieuse, dans le livre. La libellule, famille des Odonates, comme la Demoiselle.
«  Leur voracité leur a valu de Réaumur le qualificatif de guerrières plus féroces que les Amazones, tandis que Michelet les traite d’"élégantes assassines".  »
(Extrait).

Carole est née au Maroc, dans les années cinquante. De parents français, nés eux-mêmes au Maroc, instituteurs au titre de la coopération. Les grands-parents, installés dans le Maghreb, n’ont jamais connu la France. Carole a un petit frère, de treize mois son cadet, un « enfant bleu », c’est ainsi qu’on appelle les enfants nés avec une maladie de cœur congénitale, qui les fait bleuir au moindre effort.
Au Maroc, en ces temps là, avoir une bonne n’est pas signe de richesse, tous les camarades de Carole en ont une : Ittoh Ben’t Moha, arrivant tôt le matin et partant tard le soir, fait partie de la famille.
C’est sur son histoire, imaginée par l’enfant, que débute le récit, comme un spectre de ce à quoi, dès son plus jeune âge, Carole résiste obscurément, obstinément.
Etre née du sexe féminin au Maroc, que l’on soit arabe ou que l’on soit française, commande la terrible malédiction du silence. Le père, la mère, le frère, la bonne, sont les membres inconscients et aimants d’un implicite complot contre une féminité naissante, à juguler.
Les femmes tout autour, encore bien plus que les hommes, sont les gardiennes d’un ordre où la brutale dialectique de la sainte et de la salope laisse en le corps de violents stigmates invisibles.
Des premiers émois sensuels de l’école maternelle au Maroc, à l’âge adulte des premiers attouchements amoureux, en France, nous nous introduisons dans l’œil de Carole, unique organe autorisé.

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