Je me suis fait une promesse : non, je ne réitérerai pas l’édito de mai 2020. Non, je ne vais pas évoquer le confinement. Je ne vais pas non plus prendre le risque de vous parler de ces manifestations, festivals, salons, rencontres, marchés de la poésie, suspendus aux courbes de l’évolution de la pandémie. Je ne vais pas davantage filer de métaphores sur le renouveau, les cerisiers en fleurs, la plage sous les pavés, tout ça. Je ne vais m’aider ni de la mélancolie d’Apollinaire en barque sur le Rhin ni de l’ivresse printanière d’Aznavour déambulant dans la capitale.
Alors sans actualité, sans citation, comment vais-je m’y prendre pour capter votre attention ?
Eh bien, d’abord, en vous invitant à parcourir le mystérieux cabinet des hippocampes de Soledad Lida qui abrite l’étrange passion du héros pour ces « chevaux de mer » aux yeux cernés d’un anneau d’or. Ensuite, Laura Segré vous donnera le sourire en narrant les débuts aussi mouvementés que divertissants de David, jeune employé des pompes funèbres, dans Le premier jour chez Robert. Enfin, vous franchirez le passage du deuil à la renaissance au cours d’une Nuit peinte avec une infinie délicatesse par Laurence Goergen.
Avouez que ce seul programme suffirait à nous faire oublier restrictions et gestes barrière pour ouvrir nos cœurs et nos esprits aux charmes d’un récit bien mené.
Oups ! J’avais annoncé que je ne parlerais pas de … de… de ce dont je n’écrirai pas le nom encore une fois.
Terminons plutôt avec une belle preuve de la vitalité des défenseurs de la nouvelle.
En effet, nous entamons ce printemps un bout de chemin avec nos confrères de la revue RSA (Rue Saint-Ambroise), également éditeurs d’une collection consacrée aux grands nouvellistes du XXe siècle qui bénéficie de traductions particulièrement soignées.
Vous découvrirez leur travail remarquable et exigeant dans l’entretien que Bernardo Toro et Florence Didier-Lambert, respectivement directeur de collection et éditrice, ont accordé à notre collaborateur Jean-Michel Calvez à l’occasion de la sortie du recueil consacré aux Meilleures nouvelles de F. Scott Fitzgerald. À tout seigneur tout honneur, notons ici que Nathalie Barrié, membre du comité de lecture de Nouvelle Donne, signe l’une des traductions de ce recueil et que Jean-Michel Calvez en a rédigé une chronique à retrouver ici.
Ainsi, face à la lassitude qui menace parfois en ces temps perturbés, tout cela frémit de talent, d’audace, de curiosité, de désir (thème du printemps des poètes de cette année !), autant de merveilleux antidotes que nous donne la littérature !
On ne prend pas les mêmes et on ne recommence pas…