Littéraire… C’est étrange, c’est comme s’il suffisait d’ajouter l’adjectif au mot rentrée pour chasser la mélancolie des volets fermés, des draps rangés, des tentes repliées, du sable coincé dans les chaussures, des taches d’herbe qui ne partent pas sur le short, des reflets blondis dans les cheveux qui ne dureront pas, de la bonne mine qui s’efface déjà, des enfants qui ont tellement grandi, des parents qui ont bien vieilli, du village qui a bien changé, des amis qui s’éloignent, des espoirs qui se sont évaporés, des attentes qu’on reporte au prochain été, du rituel immuable qui nous happe sans attendre : trajets, émissions de radio, de télévision, linéaires de supermarché, forums des associations, certificats médicaux pour le sport, politique nationale, internationale, bruits, activités, obligations… Bref. Reprise.
Alors, vaillants sportifs que nous sommes, nous reprenons le match après cet intermède qui nous paraît à présent aussi court qu’une minute de repos. Et pour filer une métaphore sportive digne de la passionnée de tennis que je suis, n’oublions pas qu’une bonne performance ne peut se faire sans alimentation équilibrée, boisson énergétique, préparation mentale et physique appropriée.
C’est là que l’étirement à la fois souple et ferme que l’adjectif introductif de cet édito suggère par sa forme même prend tout son intérêt.
Littéraire. Quatre syllabes pour un moment à soi. Et si l’été est parfois propice aux évasions de longue durée – Cet été, je relis tout Proust, tout Balzac… ‒ il n’est pas inutile de rappeler toute la valeur, tout l’intérêt, du texte court. Car, oui, Proust, Balzac, dans l’immensité des comédies humaines, au milieu des temps perdus et retrouvés, ont écrit des nouvelles, et ils ne sont pas les seuls, loin de là, comme on peut le constater avec l’excellente collection Folio à 2 ou 3 € qui s’enrichit jour après jour et permet d’aborder les grands auteurs à travers des nouvelles et d’autres formes brèves.
Il est également réjouissant de constater qu’il y a toujours des éditeurs inspirés qui s’engagent auprès d’auteurs de talent quand bien même ceux-ci n’ont pas encore rejoint le cénacle de la postérité. C’est le cas avec L’Oiseau parleur qui publie Les Délaissés de Fabrice Schurmans, un auteur par trois fois mis en ligne sur notre site. Jean-Yves Robichon en propose une chronique enthousiaste.
Un conseil semble alors s’imposer : au milieu du gué, posons nos lectures comme des pierres indispensables à une bonne traversée. En septembre, nous la commençons dans une atmosphère plutôt noire, légèrement étouffante comme une fin d’été orageuse, en compagnie de La commissaire divisionnaire de Philippe Crubézy dont l’écriture aussi réaliste qu’haletante tiendra votre attention en éveil. Et en octobre, les amours de La petite sorcière et [du] revenant, personnages nés de l’imaginaire de Pierre Lieutaud, vous apporteront une bouffée d’air frais à travers un récit léger et pétillant de douce malice.
Que la lecture, l’inspiration, le plaisir de l’évasion, la puissance de la réflexion, le délice de la détente et, pour celles et ceux qui se lancent, le frisson de l’écriture, soient pour vous la meilleure compagnie de cette rentrée !
Littéraire... Édito de septembre 2023