Peut-on l’avouer franchement ? Un édito, c’est toujours un casse-tête (si l’on est d’humeur joueuse) ou un pensum (si l’on est en panne de sujet). Il doit être en relation avec l’actualité - la nôtre et celle du pays, voire celle du monde ! - mais pas trop… Donc, même si l’actualité chaude nous donne un angle d’attaque idéal, il faut cependant nous résoudre à nous en éloigner pour élargir le spectre de notre inspiration à une actualité plus froide, plus distante, mais sans doute moins éphémère.
Bien sûr, un édito « nouvelledonnien » (néologisme créé pour la circonstance) pourra toujours évoquer ces deux axes fondamentaux de notre site que sont l’écriture et la lecture.
On ne manquera pas d’en rappeler les difficultés et les délices, on cherchera inlassablement à solliciter les auteurs, on évoquera encore une fois la passion qui anime le comité de lecture avide de découvrir de nouveaux textes.
Dont acte. Cet édito, comme ses frères aînés, attire votre attention sur l’ineffable plaisir de voir ses mots publiés, illustrés, partagés. Répondre à notre « Appel à textes permanent », c’est être généreux, audacieux, curieux et, quand ce geste risqué - puisqu’il vous expose à un refus - est couronné de succès, c’est être heureux.
Voilà, c’est fait.
Mais, pour reprendre le fil de cette digression printanière sur le rapport délicat qu’il faut entretenir entre le calendrier et notre propos, serait-il pertinent d’évoquer la grève perlée de la S.N.C.F pour vous inciter à lire la chronique consacrée au recueil collectif Le Train ? Ou de rapprocher les vêtements qui s’allègent et les terrasses de cafés qui s’étalent du recueil de Laura Kasischke également chroniqué dans nos pages dédiées, Si un inconnu vous aborde ? Rien de moins certain, tant les ouvrages en question portent en eux de mystère, de souffrance mais aussi de drôlerie et d’originalité. En revanche, l’éditorialiste du moment n’hésite pas à établir un lien entre la nouvelle inédite qui inaugure ce mois de mai et le tout proche festival de Cannes doté, cette année encore, d’une affiche de toute beauté. En effet, Fondu au noir parle de l’amour du cinéma, d’un amour de cinéma et peut-être même du cinéma tragique de l’amour.
Sans vouloir céder au jeu de mots facile, l’écran noir des nuits blanches de Claude Nougaro n’est pas loin de la page blanche des nuits noires de l’écrivain. L’un et l’autre se bousculent, se trahissent, s’abandonnent, se réconcilient, s’étreignent, se déchirent, s’embrasent, s’embrassent avec la même fougue que Jean-Paul Belmondo et Anna Karina, dans une envolée lumineuse, teintée de folie.
Lecteurs et cinéphiles, voyageons ensemble jusqu’à l’été prochain, date à laquelle il faudra s’atteler à un nouvel édito, mais à ce moment-là, et cette expression a du sens pour les lecteurs comme pour les spectateurs, ce sera « une autre histoire ».
En mai, écris ce qui te plaît
(actualisé le )