Le spectre du COVID s’éloignant, nous nous croyions presque tirés d’affaire et espérions pouvoir écrire un édito joyeux, gai comme l’éclosion des premières fleurs, précurseur d’un printemps précoce et de tous les bonheurs qui l’accompagnent. Bon, c’était trop beau. D’abord les tempêtes se sont empressées de nous rabattre le caquet sur le plan climatique. Et surtout, voilà que tout à coup c’est la guerre, la guerre à laquelle personne ne croyait vraiment et qui nous a pris de court, interloquant les plus jeunes qui ne savent pas bien de quoi il retourne et désespérant les plus âgés qui espéraient bien ne plus jamais connaître « ça ». Les commentaires dans les médias divers sont suffisamment nombreux pour que nous n’en rajoutions pas. Tout juste pourrions-nous dire que c’est peut-être le moment de célébrer la vie à tout prix et, par voie de conséquence, de relativiser les soucis quotidiens. Facile à dire, objecterez-vous. Moins facile à faire. Et si on essayait ?
En attendant, votre revue préférée suit son petit bonhomme de chemin et vous propose deux nouvelles qui ont en commun un parfum d’ailleurs et de nostalgie, tout en composant avec l’ici et maintenant.
En mars, La fille de Chelsea de Philippe Crubézy, un auteur déjà connu de notre jury, nous embarque dans une ambiance très américaine avec un ancien hippie de Woodstock qui marie sa fille conçue dans les vapeurs de drogue et de rock’n roll. De la chaleur, du son, des parfums et des couleurs : on s’y croirait.
Dans Exil, à paraître en avril, Mimi Haddouf nous plonge dans la psyché d’une femme exilée, nostalgique d’un pays quitté et idéalisé, et entièrement soumise à ce qu’elle considère être son devoir : être une bonne épouse, malgré l’étouffoir de son mariage et la tristesse de son quotidien. Dans ces conditions, comment un souffle de liberté peut-il renaître ?
Bonne lecture.
- Brigitte Niquet
Directrice de publication