Drôle de période dans l’hexagone… Un début de printemps qui nous livre des 20° alors qu’on n’a même pas rangé les placards d’hiver, un festival de Cannes qui s’annonce d’ores et déjà « photoshopé » en affichant une Claudia Cardinale lissée, dépouillée d’une partie de sa sauvage liberté, des ados et leurs parents qui se débattent avec le portail d’admission post-bac, une campagne électorale qui nous ballotte d’incrédulité en colère, de stupéfaction en indignation, de révolte en hébétude…
Alors, dans cette sorte de torpeur, dans ce faux calme qui précède peut-être la tempête, on pourrait prendre exemple sur nos amis belges qui ont lancé cette incroyable « minute de bruit » pour faire du terrible anniversaire des attentats de Bruxelles un moment intense et partagé.
Pas un « petit bruit » pernicieux, pas un « grand bruit » plein de vanité, pas un bruit qui court sans fondement, pas un bruit blanc qui occupe les ondes, pas « beaucoup de bruit pour rien », non, mais un son sans doute indésirable aux oreilles de ceux qui préfèrent régner dans un silence soumis, un murmure venu du latin populaire [1], comme un brâme enfoui dans la forêt de nos cœurs endormis et qui se réveille pour monter en puissance jusqu’à avoir l’éclat joyeux de la vie.
Vous aussi, rejoignez le concert des voix (et le mot prend en ce moment tout son sens) qui ne se taisent pas, « faites du bruit » avec vos mots, avec vos textes. Nous en recevons de plus en plus et nous nous réjouissons de leur diversité. Écrire pour dire, pour s’adresser à l’autre, pour sortir d’un silence passif.
Puisqu’il est fait allusion au festival de Cannes au début de cet édito, c’est le moment devant votre page, votre écran, d’agir, de réagir. « Moteur. Action ! », et ça commence ici.
Sophie Germain
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