Il y a la tradition. Elle est faite pour être respectée, bousculée, renouvelée. Il y a le rite, le rituel, tous deux proches cousins de cette même tradition et eux aussi appelés à être observés ou transgressés. Cependant, à observer la permanence de certains de nos rendez-vous collectifs, on s’interroge sur cette nécessité d’y participer peu ou prou comme si on ne parvenait jamais à y être totalement indifférent. Dylan chantait les temps qui changent mais il était peut-être un engagé optimiste. De la tradition au rituel conjuratoire, il n’y a pas si loin, et nos superstitions plus ou moins avouées font que les temps ne changent pas tant que cela. Nous continuons à échanger des vœux, des gestes, et des présents symboliques.
Car, oui, il y a quelque chose de magique dans ces habitudes, inscrites dans une mémoire commune et il est difficile de se défaire complètement d’une sourde inquiétude lorsqu’on s’en écarte, comme si cela allait avoir de désagréables conséquences sur l’avenir.
Pourtant, il est sain de bifurquer, les routes buissonnières ne sont pas toujours les plus dangereuses et si elles sont parfois risquées, elles recèlent leurs trésors de découvertes, de frissons, d’apprentissages inattendus, de leçons impitoyables (d’ailleurs, c’est l’un des fils qui tissent la toile de nos Mauvais cotons, notre dernier recueil paru chez L’Harmattan).
L’auteur de nouvelles peut puiser quelques sources d’inspiration dans ce paradoxe entre l’observation respectueuse et l’audace créatrice. Tout en respectant les codes du genre, il aspire à trouver l’angle nouveau, la signature originale. Nous vous en proposons un exemple ce mois-ci avec La rapine, un texte de Mehdi Ikaddaren dans lequel se mêlent rancunes tenaces et instincts sauvages.
Et c’est avec impatience que notre comité de lecture attend vos prochaines échappées.
Un comité enrichi de la présence d’Alyssia Petit, nouvelle lectrice au regard aussi bienveillant que pointu, à qui nous souhaitons la bienvenue.
Beau printemps à toutes et tous. Vous pourrez nous retrouver sur le stand de La chambre d’échos (éditeur du Chien attaché au poteau électrique) au marché de la poésie, place Saint-Sulpice à Paris du 7 au 11 juin prochains.