Une vie merveilleuse – Dominique BRISSON – éditions Syros tempo + – 119 pages – 6,20 €

à partir de 12 ans

Disons le tout de suite, il ne s’agit pas de nouvelles au sens propre du terme, mais nous avons choisi de chroniquer quand même ce petit livre rassemblant sous forme d’Abécédaire des textes très courts qui sont autant de déclarations d’amour éblouies d’un petit frère, Yann, à sa grande sœur, Zoé. Elle est son idole et d’ailleurs celle de toute la famille, sur laquelle elle brille « comme une lumière d’été ». Ils se chamaillent, ils s’adorent, partagent la même chambre, les mêmes jeux, les mêmes rêves. Mais voilà que Zoé grandit et que cette sœur solaire prend peu à peu « un coup de nuit ». Crise d’adolescence ? Pas seulement. Sous l’influence de Diane, une fille complètement folle, une vraie rebelle qui la prend sous sa coupe, Zoé « tire le rideau sur sa joie de vivre », entre dans des colères « terribles, dévastatrices, imprévisibles » et ses parents disent qu’elle a le diable au corps. La ronde et blonde enfant devient en quelques mois une jeune fille « gothique », anorexique, maigre et noire, qui ne cesse de dégringoler vers sa perte. C’est cette descente aux enfers que nous raconte Yann au fil de l’abécédaire, Yann qui ne comprend plus grand-chose au cheminement de sa sœur mais ne cesse de lui vouer un amour éperdu et une dévotion sans borne. Le dénouement est dramatique mais, Yann le sait bien, Zoé veut dire « vie » en grec et cette vie, il la veut telle qu’elle la lui a promise : merveilleuse pour lui, merveilleuse pour elle.
L’histoire en elle-même est malheureusement assez banale mais le traitement qui en est fait ne l’est pas. C’est le regard de Yann qui change tout et l’on n’oubliera pas le chapitre « Meilleurs moments » où le frère et la sœur se retrouvent et rivalisent dans une envolée de poésie spontanée, purement enchanteresse. Un seul regret : le titre Une vie merveilleuse, déjà utilisé par plusieurs autres auteurs et peu représentatif, hors contexte, de l’ensemble de ce livre hors norme.