En lisant Points de fuite, on parierait volontiers sur les origines nord-africaines de l’auteur, tant la culture maghrébine nourrit plus de la moitié de ces textes. L’héroïne de la première nouvelle n’a pas de prénom mais se débat avec les traditions ancestrales et l’exigence de virginité faite aux filles jusqu’au mariage. Celles de la 3e se nomment Naïma, Houria, Fatima, Leïla… et le récit a pour titre La répudiée. Un peu plus loin, c’est Hania qui nous fait part de son statut de femme-esclave d’un mari tout-puissant. Et le recueil se clôt sur L’Exil et l’histoire de Maryam, partie pour mieux revenir. Et pourtant, l’auteure vit en Alsace, mais elle confie y avoir retrouvé ses racines. La boucle est bouclée et ce sont donc tout simplement des histoires de femmes que nous raconte Solange Schneider, que ces femmes soient D’ici ou d’ailleurs. Un point commun : toutes ces femmes se cherchent, se battent pour exister, se trompent, se contredisent, errent et sont parfois « dévorées par leur quête », sur laquelle elles ne savent pas toujours mettre un nom… Quand on voit que dans la même collection, on trouve aussi Femmes en pleine confusion de Brigitte Molkhou, on se dit que les hommes ont du souci à se faire – ou qu’ils seraient bien inspirés de lire ces deux recueils s’ils veulent comprendre quelque chose à leurs compagnes.
Solange Schneider : Points de fuite L’Harmattan, collection Nouvelles nouvelles