Silhouette de Jean-Claude Mourlevat, éd. Gallimard Jeunesse, Coll. Pôle fiction, 224 pages, 9 euros. À partir de 14 ans.

(actualisé le ) par LL

Quelle n’est pas la surprise de Pauline en apprenant que son acteur préféré va tourner un long métrage à Saint-Étienne ! Cette "ménagère de moins de cinquante ans" postule aussitôt pour un casting de figurants et la voici choisie comme "silhouette", un rôle muet, certes, mais en gros plan et seule avec l’idole ! À la sortie du film, elle a invité tous ses proches à la première séance pour constater, ô horreur !, que la prise de vue était calculée au millimètre près pour l’enlaidir et la rendre ridicule. S’en remettra-t-elle ?
Il a quatorze ans et est bien décidé à ne pas partir en vacances avec ses parents, mais dans une colo pour ados. Il ferme la maison, en suivant à la lettre les instructions de ses géniteurs mais, une fois dans le bus, il se rend compte qu’il a enfermé le chat dans sa chambre. Il fait faux bond aux moniteurs et rentre chez lui en stop pour rattraper l’erreur. Mais, une fois arrivé, il se rend compte non seulement que le chat n’était pas enfermé, mais que son conducteur - et ses acolytes - ne sont que des cambrioleurs qui en profitent pour mettre à sac la maison avant de le ramener à sa colo, ni vu ni connu. Seulement, les malfaiteurs ont enfermé le chat dans sa chambre...
En apprenant qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre, ce paisible retraité n’a plus qu’une idée : réparer ses erreurs passées en confessant ses fautes à ses anciennes victimes... une idée aussi loufoque que généreuse dont il sera la première victime.
Dans ce recueil, neuf nouvelles qui auraient aussi bien pu s’appeler "contes cruels". Pourtant, pas de misérabilisme ici ni d’atmosphère trop glauque mais des gens dans toute la grandeur de leur médiocrité, auxquels la vie joue un de ces tours de vache dont elle seule a le secret, et qui parfois prend une tournure tragique... À chaque personnage son coup dur du destin, ou ironie du sort qui réjouit d’autant plus le lecteur qu’il est imprévisible. Tel ce pauvre bougre amoureux de la langue de Molière bien décidé à kidnapper un ministre pour lui faire expier ses erreurs de grammaire et qui sera lui-même enlevé par un dingue de l’hygiène bien décidé à remédier à son look négligé... ou l’arroseur arrosé.
Pas de morale ici, non plus, juste la vie comme elle va - ou ne va pas - le tout narré dans un style agréable, impeccable, cynique à souhait, qui rend chaque intrigue encore plus implacable... Si bien que ce recueil plaira autant aux ados qu’aux adultes.