Reine des neiges de Max Obione, Éditions des Falaises, 2016, 132 pages, 12 €

par BN

C’est sans doute par dérision que ce recueil s’intitule Reine des neiges, car rien n’est plus à l’opposé de l’univers de Disney que ce recueil où le seul royaume est celui de la déglingue, où les seuls rois et reines – surtout reines, la majorité des personnages centraux sont féminins – sont des épaves ballottés par une vie de merde. Une vie dont l’unique issue semble être la mort, celle qu’ils se donnent ou celle qu’ils infligent aux autres, avec des raffinements de cruauté dont l’inventivité et la violence laissent pantois. 13 nouvelles, donc, dont la première (« Le petit légume ») est une des plus réussies dans l’horreur, ce qui est un pari intelligent : accrocher d’emblée le lecteur, mais risqué : il faut que les suivantes soient à la hauteur pour ne pas décevoir. Elles le sont, avec parfois quelques faiblesses (« Canon », le thème des siamois diaboliques ayant été déjà surexploité) mais surtout des réussites flamboyantes (« Le pied de Jeanne », « Dans l’os »,« Destin de Bobbie »…), dont le sujet n’est pas forcément très original mais le traitement qui en est fait suffisamment glaçant et chaque fois renouvelé pour qu’on ait envie de dire « Bravo, l’artiste ». La 4e de couverture parle de « pyrotechnie narrative » et, ma foi, l’expression est à la fois si juste et si imagée que nous nous nous permettons de la lui emprunter sans vergogne. Un livre « noir de chez noir », à ne pas mettre entre toutes les mains, bien sûr. Âmes sensibles, s’abstenir.