Ziz, sorti de taule après un passé compliqué, a de l’ambition mais sait la jouer modeste pour éviter de se faire repérer.
Nous retrouvons notre héros (ou anti-héros) désenchanté de Cendres de Marbella et de Gardien du temple avec un plaisir non équivoque, et prêts à toute éventualité. Le regard que nous lui portons oscille entre complicité et méfiance. Il faut dire qu’il nous en a fait voir, du pays. Et qu’il nous surprendra toujours.
Bien que « dans le cursus de la délinquance », il ait « obtenu son brevet avec la mention trop bien », il évite de s’en vanter et endosse des costards-cravates impeccables, le noir étant, dans sa nouvelle branche, de rigueur.
En partant du bas de l’échelle, il se reconvertit dans le funéraire, dans le but avoué de devenir maître de cérémonie.
Puis de tenir un salon funéraire comme son idole, Monsieur Santoni, voire à sa place.
Tout ne se passera pas vraiment comme prévu et il reprendra du service, la Kalach au poing, afin de forcer quelque peu le destin.
Ce n’est pas qu’il ait tellement la vocation de tueur à gages, puisque sa main tremble au moment d’appuyer sur la gâchette et qu’il doit se faire violence pour mater son naturel sentimental.
Mais quel choix lui reste-t-il ?
Il trouve au passage la compagne « idéale », la comptable de l’entreprise Santoni, qui cultive une vengeance aussi froide que les macchabées qu’ils envoient à l’incinérateur. Dans le meilleur des cas. Parce que de plus en plus souvent, c’est plutôt pour les envoyer à la découpe, mais là, on ne vous en dit pas plus…
Dans cette novella jubilatoire, Hervé Mestron déploie l’étendue de son talent en parvenant à transformer les pires noirceurs en moments de fou-rire : un mélange d’effroi et d’humour qui, venant compléter cette brillante trilogie, nous réserve un cocktail décapant.