Les interrogations des trois nouvelles de ce recueil s’articulent autour de la place de l’art et de l’amour dans la vie et de l’influence qu’ils exercent l’un sur l’autre.
Le présupposé est que l’art s’alimente de la vie et que la vie est nourrie par l’art. La quadrature du cercle n’est pas aisée à réaliser.
Ici, trois couples à divers stades de leur histoire se posent cette problématique, se contaminant l’un l’autre, débattant et divergeant plus ou moins sur le sens à lui donner et sur sa mise en œuvre.
Pas facile au quotidien, à moins de se mettre d’accord sur le respect des valeurs essentielles de chacun.
« L’amour, surtout l’amour » prime-t-il dans une vie ? L’amour prend-il la place que l’on octroie à sa propre créativité ou la nourrit-il ? Dans quelle mesure faut-il privilégier l’un par rapport à l’autre et/ou le préserver ? Est-ce inévitable ?
Si le personnage central arrête d’écrire pour mieux vivre sa passion amoureuse, il n’admet pas que sa compagne n’en fasse pas autant et s’adonne en priorité à sa peinture.
Comme si le vide, au prix du sacrifice exigé, devenait insupportable et qu’il fallait le remplir.
Comme si les choix de vie de la compagne étaient un désaveu, un manque d’amour.
Au-delà de cette comédie de l’art et de l’amour que se donnent ces personnages, peut-on briser le cercle infernal ? Comment en sortir ?
N’y a-t-il pas ici une part de jeu, dans le sens de la représentation aux yeux de l’autre et à soi-même, d’identification en tant qu’amant-amante-artiste et de validation implicite qui passerait par le vecteur de l’art ?
Y a-t-il là un côté théâtral jouant sur la place de l’amour et de l’art ?
Ce sont les questions qu’en tant que lectrice je me suis posées.
La conjonction « écrire-peindre » revient dans les trois nouvelles comme un leit-motiv, un aveu de ne pas assez vivre, de ne pas assez créer, de ne pas assez aimer.
On sent ce vide dans ces mots et autour d’eux, comme s’ils faisaient peur ; ont-ils pris trop de place, au détriment de la réalité ?
Ce sont pourtant des questions existentielles qu’un artiste amoureux, et les couples d’artistes, sont un jour ou l’autre amenés à se poser.
Il est intéressant de voir comment les trois couples mis en scène ici traitent ce thème récurrent à leur manière, à chaque fois différente, unique, et non sans heurts.
Terrain sensible, terrain miné.
À travers le dialogue, la lutte, l’incompréhension ou le silence, les facettes du prisme sont déclinées de manière subtile, sans pour autant épuiser le sujet, qui pourrait s’inscrire dans une série « à la Pérec » : Tentative d’épuisement… du sens de la vie… de l’art… de l’amour.
Le lecteur en tirera son miel et s’il n’a pas la réponse, il se sera au moins posé la question.
L’auteur lui laisse le dernier mot : on lui en sait gré.