Sept récits évoquent sept hommes dont le point commun est d’avoir tous été un jour abandonnés par une femme. Ils ne sont ni du même âge ni du même milieu et le contexte dans lequel s’est opérée la rupture qui a marqué leur vie du sceau de la solitude est tout à fait différent.
Ce livre est donc constitué de sept nouvelles, relativement longues (une cinquantaine de pages en moyenne), mais courtes au regard des longs romans auxquels l’auteur nous a plutôt accoutumés. Cependant le lecteur n’est pas vraiment déconcerté par ce choix d’un genre bref car c’est le même univers que l’on retrouve dans chacun de ces récits. Il y règne une atmosphère un peu triste, nostalgique, résignée peut-être, devant ces histoires d’amour parfois passionnées qui se sont mal terminées, éteintes en quelque sorte. La sexualité est très présente dans chacune de ces histoires de vie, elle est évoquée sans masque, avec naturel, plus que les sentiments qui restent à peine suggérés, esquissés tout au plus, jamais exhibés, ce qui d’emblée évite tout pathos. Le lecteur entre dans la vie de chaque personnage mais tout en restant sur le seuil de son histoire, en simple témoin. Pas d’intrusion, pas d’identification, pas de distanciation particulière non plus, car chacun est présenté sans masque, sans pudeur excessive et sans exhibitionnisme non plus. Les choses sont ainsi, c’est tout. Leurs histoires n’invitent à aucun jugement, aucun parti pris, aucune empathie non plus. On ne peut pas vraiment s’attacher aux personnages et on ne peut pas non plus rester indifférent à leur sort.
L’auteur diversifie le mode de narration, mais le ton reste donc assez neutre, direct, dénué d’affectif mais c’est précisément là le charme d’une écriture très efficace qui accroche le lecteur sans le prendre en otage.
J’admire toujours chez un auteur cette capacité à créer une atmosphère dont on reconnaît la marque de livre en livre. Le style de Murakami est très particulier et j’apprécie beaucoup son originalité, mais, pour moi, son univers manque quand même un peu de chaleur.
Haruki Murakami, Des hommes sans femmes, Belfond, 2018 Traduit du japonais par Hélène Morita
(actualisé le )
Cette chronique est d’abord parue sur le site Les yeux dans les livres. L’auteur et la gestionnaire du site nous ont permis de la reproduire et nous les en remercions. N’hésitez pas à aller faire un tour sur le site, il fourmille de très bonnes chroniques, tous genres littéraires confondus