Bravant vents et marées et le Covid et ses sbires en prime, Brèves poursuit son chemin avec une obstination et une énergie qui nous laissent pantois. Le titre du recueil, Guetteurs, rassemble des auteurs venus d’horizons très différents, mais dont les personnages sont réunis par un credo commun : quoi qu’ils guettent, ils savent attendre, même s’ils n’attendent pas tous la même chose. On se demande parfois où ils vont, ce qu’ils font là... Et soudain ils bondissent sur le lecteur - et c’est la fin de l’histoire…, nous dit la 4e de couverture. Comment, déjà ? s’insurge le lecteur qui ne l’a pas toujours vu venir. Et il retourne en arrière pour feuilleter les pages qu’il vient de lire et dont, très certainement, il n’a pas extrait toute la substantifique moëlle. Il faut dire que plusieurs textes, dont celui de Châteaureynaud en tête, flirtent de très près avec le fantastique et que, pour les lecteurs non habitués à cet univers, les surprises sont parfois… déconcertantes. Entre deux, quelques textes courts, légers comme un souffle, tel Mars-avril de Sylvie Daffix, ponctuent le recueil, et permettent au lecteur de reprendre haleine et de se laisser flotter en apesanteur. Mais ils sont rares et, lorsqu’on a l’imprudence de faire confiance au bercement de la vague, la « claque » finale n’en est que plus retentissante (voir Léa). Impossible, bien sûr, de citer tous les auteurs (ils sont 13 !), mais tous sont, évidemment, talentueux et leurs différences parfois profondes contribuent à la variété et à la puissance du recueil. Celui-ci se clôt sur Non-fiction, beau texte et joli paradoxe dans le titre.
Enfin, n’oublions pas de rappeler que les 20 dernières pages sont éclectiques et recèlent une grande variété de lecture : portrait et texte de Charles Torquet, un auteur un peu oublié, rencontre avec Felicitas Hoppe et texte de ce même auteur, et enfin la rubrique irrévérencieusement titrée Pas de roman, bonne nouvelle qui nous annonce les dernières parutions. Que demande le peuple ?
Guetteurs, n° 119 de la revue Brèves