Dans Détours de Babel, dont les éditions Interférences font un beau livre‑objet, Vladislav Otrochenko oscille « entre réalité improbable et inventions véridiques d’une façon qui n’est pas sans rappeler Borges » dans trois séries de textes courts, présentant tour à tour des langues inouïes parlées par des peuples imaginaires après la chute de Babel et nous initiant ainsi au fantastique linguistique, puis mettant en scène une galerie de portraits de « gens qui ne sont pas de ce monde, des bienheureux, des ravis » autour du Don, fleuve dont les méandres séparent l’Europe de l’Asie. Enfin, dans les hilarants « Récits sur Catulle » - sur les bases d’une « érudition vaste et solide », certifie la traductrice – la malle aux malices grande ouverte nous réserve plus d’une surprise, replaçant de plain‑pied dans leur époque des poèmes érotiques très lestes de Catulle, dont le facétieux auteur, spécialiste du contexte antique, imagine librement la genèse…
Un vrai plaisir de lecture.
Détours de Babel, de Vladislav Otrochenko, traduit du russe par Anne‑Marie Tatsis‑Botton éditions Interférences, 87 pages, 13 €