RESEAU DE LA NOUVELLE et des formes courtes

Dernier avis avant démolition - Fabien Maréchal

(actualisé le ) par BN

Éditions Antidata - mars 2016 -editionsantidata@gmail.com

Décidément, les éditions Antidata frappent fort. Leurs deux précédentes publications (Parties communes, recueil collectif, et Au-delà des halos, de Laurent Banitz, ) nous avaient enchantés, celle-ci ne démérite en rien. Fabien Maréchal, dans sa dédicace, espérait que nous trouverions sa "démolition" constructive. Eh bien oui, qu’il se rassure, c’est grâce à des auteurs comme lui et des éditeurs comme Antidata que la nouvelle d’aujourd’hui se construit et que l’on peut espérer, peut-être, voir enfin les nouvellistes français se hausser au niveau de notoriété de leurs confrères anglosaxons.
De quoi nous parle ce recueil ? D’abord de politique et de syndicalisme (c’est l’arrière-plan de deux nouvelles, allergiques s’abstenir) mais sans que jamais l’auteur oublie qu’une nouvelle n’est pas une tribune, que c’est le récit qui prime ainsi que les personnages qui l’habitent. Le premier texte, plus ou moins éponyme, est à ce titre saisissant, résumant en quelques pages la désillusion de toute une vie, quand on a cru aux lendemains qui chantent et qu’il ne reste plus d’autre échappatoire que de plonger du haut de son 16e étage droit vers son emplacement réservé au cimetière, allée M emplacement 48. Amateurs de nouvelles "à chute", en voici une, dans tous les sens du terme et, bien qu’on l’ait en un sens vue venir, cette chute, elle surprend cependant par son côté décalé.
C’est le cas, d’ailleurs, de tous les textes, certains plus "joyeux" que d’autres (La Cérémonie, La Guerre froide) quand l’humour ou l’empathie l’emportent sur la cruauté. À propos de cruauté, si vous aimez cela, lisez sans tarder Le grand Départ, abominable histoire qui commence comme un voyage de classe et finit comme... nous laissons la surprise au lecteur. Encore une "chute" parfaitement maîtrisée. Il y a des Goncourt de la nouvelle qui se perdent, même si celui obtenu récemment par Raphaël Haroche (voir notre chronique) est tout à fait honorable.