Claire Blanchard-Thomasset – Fenêtre ou couloir éditions Quadrature – décembre 2020

(actualisé le ) par BN

Qui se souvient du prix Prométhée, prestigieux trophée décerné par un jury qui ne l’était pas moins ? Il semble avoir disparu des écrans radars depuis bon nombre d’années mais ses lauréats ont continué leur petit bonhomme de chemin nouvelliste et voilà Claire Blanchard-Thomasset qui refait surface avec Fenêtre ou couloir, titre qui ne nous renseigne pas beaucoup sur le contenu du recueil mais, comme il arrive souvent, il faut lire le livre d’abord et juger de l’adéquation du titre ensuite. Il arrive d’ailleurs que l’on reste sur sa faim, mais pas ici.
Les textes sont nombreux (19) mais courts. Presque tous se passent dans un univers intimiste et c’est ce sillon et celui-là seul que l’auteure s’est attachée à creuser de nouvelle en nouvelle. Elle ou un de ses héros/héroïnes se trouve toujours coincé dans une situation paralysante : dame assistant en catimini à l’enterrement de son grand amour perdu (Au fond de l’église) ; jeune homme faisant acte de présence dans un réveillon familial qu’il déteste depuis toujours mais, cette année encore, il n’osera pas le dire à sa mère (Joyeux Noël) ; employé d’une multinationale dont le patron lui assène « Putain, Igor ! Je te paie pour leur mordre le cul, alors, vas-y » (Sucre et fleur d’oranger) ; jeune femme ballottée entre deux hommes qu’elle aime tous les deux mais qui viennent de découvrir que chacun n’est pas seul en lice et qui n’apprécient pas (Fenêtre ou couloir) ; jeune femme encore investie de la lourde responsabilité de présenter son mec à ses parents, aussi traditionnels qu’il est décontracté (Présenter Eddy)… Bref, on ne peut les citer tous, mais ce qui est sûr, c’est que tous tournent en rond dans le même bocal et se heurtent indéfiniment à ses parois (on peut y voir un vrai syndrome du poisson rouge). Parfois, certains trouvent l’échappatoire, mais pas tous. D’où le ton tantôt ironique, tantôt léger, tantôt grave, tantôt presque désespéré… On ne peut dire cependant qu’il y en ait pour tous les goûts, car le substrat est toujours le même et certains lecteurs ne sauraient sans doute se satisfaire de ces histoires quotidiennes et feutrées, où beaucoup de choses se devinent mais peu se disent et où jamais l’on ne crie, l’on ne pleure, encore moins l’on ne hurle. Peut-être les héros ont-ils lu Alfred de Vigny : Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse.
Alors, fenêtre ou couloir ?