Nous ne saurions, bien sûr, manquer un numéro de Brèves, et tout particulièrement celui de l’été : quelle volupté d’emmener sur la plage, au lieu du traditionnel polar qu’on jette à la poubelle en quittant les lieux, un petit bijou, concocté par des gens qui aiment vraiment et inconditionnellement la nouvelle, et s’en repaissent quelle que soit la saison.
De quoi nous parle ce numéro ? Impossible de le dire avec précision et c’est peut-être un de ses charmes. Il est titré malicieusement QUELQUE PART/AILLEURS/ICI et le moins qu’on puisse dire est qu’il nous "balade". Trois mots pour douze textes, Daniel Delort (directeur de publication) a dû s’amuser et il ne s’en cache pas : "Il y a des histoires qui sont indéniablement de quelque part. Certaines nouvelles cherchent un "ici", un lieu où se dérouler ... D’autres préfèrent un "ailleurs" qui leur permet de se renouveler. Les unes et les autres sont bien de quelque part ." Le ton est donné, il y en aura pour tous les goûts.
Impossible, bien sûr, de rendre compte de ces douze nouvelles une par une. Chacune est un univers à elle seule, et tout particulièrement la première, hilarante prise de contact avec l’Afrique d’un trio de touristes dont l’un finit par se demander, tout en poursuivant un coq qui n’est "pas d’accord" pour servir de repas, "comment peut-on être blanc ?".
Un clin d’oeil en passant à Jean-Hubert et Gudule de la Touffe, qui nous vaut une variante de "Nous ne sommes pas racistes, mais..." et les pages continuent à se tourner. La maison commune flirte avec l’amertume mais aussi la tendresse, chaque texte - qu’on l’aime ou non - fait désirer le suivant et c’est bien le plus beau compliment qu’on puisse faire à un recueil. Lequel se clôt sur Les lentilles d’eau... , mon préféré. Comme quoi les auteurs qui parlent de "relégation" quand ils n’interviennent qu’en fin de recueil ont bien tort. Et si c’était, au contraire, une des multiples mises en valeur possibles d’un talent incontestable ? Ici, c’est Mireille Diaz-Florian qui en bénéficie et cela m’étonnerait qu’elle s’en plaigne.
Pardon à ceux que je n’ai pu citer, aucun n’a démérité, bonne lecture donc et à bientôt, Brèves. Trois mois sont vite passés !
Brèves n° 120