La vie de SDF ne va pas sans ses vicissitudes, mais quand Romain trouve enfin un abri près d’un voisin mutique, il se passe des choses inattendues et dérangeantes, qui vont le conduire à mener l’enquête. Une jeune journaliste se joint à lui et le duo n’aura de cesse que de retrouver la trace de Denis, le mystérieux voisin disparu sans laisser d’adresse. Nous voici embarqués dans les bas-fonds de Paname, suspense garanti au passage. A house is not a home, when there’s no one there to hold you tight, entonne un Romain attachant dans la conscience de sa propre déchéance et sa réticence à s’exposer devant la jeune femme inquisitrice qui vient déranger son quotidien paisiblement minable. Mais le duo va transcender la gêne et se mettre au service d’une cause qui le dépasse. Il doublera même la police dans leur enquête sur le terrain, laquelle restera forcément secrète, la lucidité de Romain devant la logique du système dont il est exclu l’empêchant de dévoiler l’impensable. La fin agit sur nous comme une catharsis implacable, la victime devenant bourreau et l’on ne peut retenir un frisson dont on ne sait s’il vient d’un sentiment d’horreur ou de joie. Dans le sillage du génial Haine 7, Jean-Luc Manet trace sa route, entraînant le lecteur dans des eaux troubles dont il ne ressort pas indemne.
Aux fils du calvaire, Jean-Luc Manet, éditions Antidata, 57 pages, 6 €