C’est une bonne nouvelle pour tous les faux culs de l’édition. Pour des raisons bien évidemment indépendantes de notre volonté, la parution de Nouvelle donne risque d’être suspendue, sine die.
J’écris que c’est une bonne nouvelle parce que tous les gens dont je vais parler n’ont pas très envie que perdure un espace autonome.
Qu’existe Nouvelle donne leur donne tort. Que meure Nouvelle donne les rassurera sur leurs propres lâchetés, dans leur propre saleté.
Bon, il est temps de se demander qui sont ces fameux faux-culs de l’édition.
À tout saigneur, tout honneur :
- Les grands media, radios ou magazines.
Ni France Culture ni le Magazine Littéraire ni Lire (ces petites choses prétenduement intellectuelles) ni France Inter, ni France 2, bref aucun de ces supports censés représenter la vie culturelle ne se sont fendus ne fût-ce que d’un articulet sur notre existence depuis 10 ans (pas un mois, ni deux, dix ans). Pourtant, ils en ont reçu, des services de presse, c’est à dire des envois gratuits à chaque parution.
Mais ils sont trop sollicités, trop gras, d’autres leur lèchent tellement les escarpins qu’ils n’ont plus guère ni l’envie, ni la possibilité même, intellectuelle, de se poser la question du courage littéraire, de l’invention, de la curiosité. Ils sauront parler à tire-larigot du roman 1984, ils déblatèreront sur la mondialisation, sans se dire qu’ils sont dedans et qu’ils en sont les suppôts. Actuellement, en France, on n’a même pas besoin de censure, puisqu’il y a les critiques littéraires. Ne vous leurrez pas, lorsqu’il y a recours aux grandes valeurs de type « liberté de la presse », ce n’est qu’un comportement à la Le Pen : hurler pour économiser les affiches de propagande et autres argumentaires. La dernière démarche des Inrock, avec pétition, n’est que poudre aux yeux et démarche publicitaire. Et dire qu’ils se moquent de la Star ac’.
Les installés de la gris-culture
Ceux-là sont des « auteurs », plus ou moins reconnus. Ils font, parfois, la couverture de magazine, de revues, voire de Nouvelle donne. Ils passent à la radio, à la télé, ils y travaillent parfois. Ils ont une « surface » comme on dit. Pas un mot, cependant sur les revues ni, évidemment, sur Nouvelle donne. Pas question, pour leur(s) attaché(es) de presse de rajouter un mot sur nous à l’occasion d’un contact. Par exemple : « Cet auteur vient de faire paraître un livre, mais savez-vous qu’il a une nouvelle dans Nouvelle donne ? »
« Mais au fait, connaissez-vous Nouvelle donne, c’est eux qui, les premiers ont publié Gavalda, laquelle avait une nouvelle facile et faible qui a gagné un concours minable et c’est le travail de Christian Congiu sur son texte qui a rendu le texte acceptable, et elle a préféré occulter ces débuts difficiles sous discours lénifiant. Ah, vous ne saviez pas tout cela, ah, cela vous semble paroles de parano et d’aigri. Il est vrai aussi qu’ils ont publié les analyses de Francis Mizio (voir son article), qui crache lui aussi sur nous »
Ouaip, camarade, parait que la vérité triomphe toujours, disons qu’elle a le triomphe modeste, de nos jours. Bien obligée.
Les pauvres
Les pauvres, ce sont tous les auteurs débutants, les pingres, les inconscients.
Je sais, lorsque l’on débute, on peut tâtonner, poser des questions naïves et l’Entaille, en tant qu’association, a toujours répondu, par courriers, par courriels, par téléphone ou par articles à ces demandes. Mais lorsque l’on s’aperçoit que, malgré le protocole clairement annoncé, malgré des incises explicatives instillées, des auteurs apprenant persistent à ne pas respecter le support auquel ils s’adressent, on se dit que ces gens ne veulent pas savoir. À titre d’exemple : durant la dernière manifestation à laquelle Nd a participé, pourtant intitulée « Les revues, leurs démarches, leurs difficultés », nous avons royalement vendu deux numéros. Le reste du public, larmoyant « les grandes puissances de l’argent », « la Kultuture (qui) fout l’kamp », etc., s’est conduit comme un gougnafier : feuilletant Nd, prenant en note l’adresse pour expédier leur propre texte mais ne se posant pas la question de la survie du medium.
Conclusion provisoire
Si vous désirez les noms de gens qui auraient pu quelque chose pour Nd et qui font leur blé sur la prétendue désaffection autour de la nouvelle, je les tiens à votre disposition.
Si vous désirez nous aider à relancer le titre, vous êtes les bienvenus.
Enfin, si vous pensez que ceci est un testament, vous vous trompez. Nd n’est pas morte mais l’équipe va changer de stratégie, tout en conservant son indéfectible honneteté intellectuelle, sa foi en l’être humain (mais pas en les gendelettres) et sa prestance inégalable.
Cet article n’avait pour objet que de donner une fausse joie aux faux culs de l’édition. Et, peut-être, de crever l’abcès qui ronge ce putain d’univers étriqué.