Un jour, au patronage de Notre-Dame-du-Travail, rue Vercingétorix, l’abbé Coupez nous avait raconté l’histoire de saint François d’Assise.
Prodigieuse Pauvreté !
Parce que l’on n’avait rien, on pouvait tout avoir ; laisser grandir en soi la formidable force de Dieu. Ça finissait par vous sortir des yeux et des oreilles en flots de lumière.
Parce que l’on renonçait à tout, et ne voulait rien, sinon aimer Dieu et autrui, on ne pouvait rien, rien du tout contre vous !
L’abbé Coupez, malgré ses gitanes et son physique de rugbyman, me semblait un nouveau saint François. Les salles vétustes du patronage avec de vieux bancs pour tout meuble, les planchers raboteux et gris, la couleur indéfinissable des parois, l’odeur de la poussière qui tournait dans les rayons du soleil filtrés par les carreaux douteux, et dehors, la cour aux murs pelés, lézardés : tout cela - et le fait de s’en contenter comme si c’eût été une richesse - tout cela devait faire partie de son bonheur.
L’abbé Coupez parlait, tandis que je regardais danser cent étoiles dans le rayon qui traversait la fenêtre. Visiblement, elles ne dépassaient jamais la limite du pinceau lumineux, comme si elles avaient constitué le mouvement propre de cette lumière. L’abbé avait cessé de parler, m’observant en train d’observer. Il m’avait souri, son sourire comprenait tout, les grains de poussière comme les étoiles.
« Tu te demandes ce que c’est ?
Oui.
Ce sont des grains de poussière qui passent dans les rayons.
Mais il y en a de toutes les couleurs !
C’est la lumière qui fait ça, en rencontrant la poussière. C’est la poussière dont nous sommes faits. Elle est belle, n’est-ce pas, cette poussière ? »
De la poussière, bien sûr !
La première fois, et la seule de ma vie, un adulte se montrait capable d’entrer de plain-pied dans mon univers d’enfant, selon la parole du Christ :
« Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les empêchez pas ; car c’est à leurs pareils qu’appartient le royaume de Dieu. En vérité je vous le dis, quiconque n’accueille pas le royaume de Dieu comme un enfant n’y entrera pas. »
Catéchisme - Daniel Thierry « S’il existe un seul faux prêtre, est-il encore possible qu’il en existe un seul qui soit vrai ? » ? »
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Proches, du Michel Host de Les Attentions de l’enfance, les textes de Daniel Thierry relatent avec tendresse et émotion les petites choses de la vie d’un enfant. Dieu, et ses serviteurs, peuvent-ils être considéré comme de « petites choses » ? Qui nous apprend la révolte et la colère ? Et qu’est-ce qui guide la main du violent, fût-il inspiré par la grâce divine ?