Thierry Radière, dont c’est le premier livre édité en version papier, a choisi d’écrire les huit textes qui composent cet ouvrage à la première personne. C’est un pari ambitieux puisque le lecteur est en droit de s’attendre à trouver huit « tons » différents et tous crédibles, pour huit narrateurs aussi dissemblables qu’un Prix Nobel de littérature, un vieillard, un otage, un adolescent, une jeune prof, un SDF… Disons que le pari est à moitié réussi, à moitié seulement car, surtout dans les nouvelles longues (Les Images, L’Otage…), on a un peu le sentiment d’entendre la même « voix » : c’est un écueil qu’il est bien difficile d’éviter.
Le recueil débute bien avec Le Jardin et les Cris, réjouissante et féroce variation sur le « plaisir » d’avoir un bébé qui ne cesse de hurler : cela rappellera des souvenirs à bien des jeunes parents, même si tout le monde, heureusement, n’emploie pas des méthodes aussi expéditives pour régler le problème. Le texte est bien écrit, bien construit et l’on peut espérer que les suivants seront de la même veine : une chronique un tant soit peu décalée de la vie quotidienne. Mais il faudra attendre la 4e nouvelle pour qu’il en soit ainsi. Entre deux, Les Images et L’Otage ne m’ont pas convaincue : deux textes assez longs, d’une trop grande similitude de ton (comme je l’ai dit plus haut) et surtout où il ne se passe rien qu’une interminable introspection du narrateur. Ensuite, les « confidences » redeviennent plus variées et, comme l’annonce le titre, de plus en plus courtes et c’est une bonne chose, car l’auteur se montre beaucoup plus à l’aise dans la brièveté et parvient à faire parler de manière plausible même un prix Nobel de littérature (Le Cambouis) qui préfère se mettre les mains dans ledit cambouis (en l’occurrence la chaîne de son vélo) que de se tacher les doigts d’encre d’imprimerie.
Des débuts prometteurs, donc. Un auteur à suivre, assurément.